Une solide troisième place à l’Internazionali d’Italia Supermoto, catégorie S4. Iacopo Arduini, 24 ans, né à Rimini et vivant à Riccione, s’était lancé dans la vitesse, avant qu’une lourde blessure au pied ne l’amène à changer ses plans. Le motard, d’abord considéré uniquement comme un moyen de s’entraîner, est devenu sa spécialité et depuis 2015 il en est l’un des protagonistes, à partir de 2021 avec les couleurs de l’équipe Gazza Racing dont le capitaine est Max Gazzarata et son épouse Vittoria Di Rienzo. Il n’y a pas que des motos pour Arduini, qui parallèlement, du lundi au vendredi, fait ses huit heures de travail comme comptable dans une entreprise de chaussures. Connaissez-vous son histoire ? Nous lui avons demandé de la raconter.
Iacopo Arduini, où commence votre voyage à moto ?
Mon père m’a inscrit en minimoto à l’âge de 5 ans. Ma carrière a toujours été axée sur la vitesse : j’ai fait du minimoto, du MiniGP, et j’ai même atteint le PreMoto3. Puis sont venus les problèmes de budget, mais aussi une blessure au pied en 2013. J’ai été absent pendant 7-8 mois, en gros j’ai raté une saison.
Que s’est-il passé ?
Je m’entraînais l’hiver en motard, mes freins ont lâché et j’ai chuté. Je me suis cassé le pied, ou plutôt je l’ai brisé : on m’a mis quatre vis, je suis resté à l’hôpital un certain temps entre l’opération et la physiothérapie… C’était un peu long. C’était ma première blessure, j’ai récupéré les années précédentes aussi !
Heureusement, vous vous êtes rétabli et vous êtes remonté en selle.
J’ai recommencé à m’entraîner en motard, mais je ne savais pas du tout quel championnat faire. Un peu à cause du budget, un peu à cause de l’année perdue, nous nous sommes dit qu’il fallait essayer de changer un peu notre carrière, qui n’allait pas très bien jusque-là. Il y avait d’autres coureurs forts : Bulega, Bastianini… Il était difficile d’émerger avec ces noms.
Iacopo Arduini, c’était le tournant à ce moment-là.
Nous avons décidé d’essayer le motard et à partir de 2015-2016, j’ai toujours couru dans cette spécialité. Lorsque je courais en vitesse, je devais m’entraîner, mais j’ai aimé cette discipline dès le début et, dans ces années-là, elle était également très à la mode. Un jour, en allant faire un tour, j’ai croisé un vieil ami qui avait l’habitude de courir avec moi en mini-motos et que je n’avais plus revu depuis. Il faisait ces courses de motard et m’a demandé pourquoi je n’essayais pas moi aussi. Je l’ai écouté, j’ai commencé par une régionale et j’ai continué.
Comment es-tu arrivé à Gazza Racing ?
C’était la troisième année avec eux. En 2019-2020, j’ai couru avec une autre équipe, les résultats étaient là puisque j’ai terminé 2ème et 3ème, mais j’avais besoin de changer d’air et j’ai opté pour une rupture nette.
Parlez-nous de votre saison ?
Je dirais qu’elle s’est très bien passée. La seule chose, c’est que nous avons commencé un peu tard : dans les deux premières étapes, j’ai eu du mal à prendre le rythme, même si je m’entraîne tout l’hiver, je mets plus de temps. Je suis aussi employé de bureau, donc je m’entraîne moins que d’autres qui ne font que ça. Bref, les deux premières manches auraient pu mieux se passer, mais dans les quatre autres, on s’est réveillé !
Quel est votre meilleur week-end ? Indépendamment du résultat final.
Sans aucun doute celui de Viterbo. Il y avait la double course, deux courses le samedi et deux le dimanche, et c’était très dur physiquement et mentalement. Le samedi, tout s’est bien passé, mais le dimanche, j’ai fait une erreur dans la course 1. Mais j’avais un sentiment fou, je me sentais bien sur le vélo et les temps venaient à moi. J’avais les idées claires et je n’avais rien à perdre car j’étais déjà 3ème au championnat. J’ai pu tout donner sans faire de calculs et tout s’est bien passé. Ce week-end a été meilleur que celui de Pomposa, où j’ai terminé avec deux deuxièmes places. Dommage que la saison soit terminée, j’en voulais une autre !

Iacopo Arduini, avez-vous répondu à vos attentes saisonnières ?
Je me remettais d’une année où rien ne s’est passé comme prévu. J’ai également été victime d’une intoxication alimentaire qui m’a empêché de participer à une course, et je n’ai donc pas pu terminer dans le top 3. L’objectif est toujours de gagner, mais j’aurais été heureux de terminer dans le top 3 parce que je sais que j’en ai les capacités et aussi pour l’équipe. À 90 %, j’ai accompli ce que j’avais prévu de faire. Évidemment, je vais continuer à essayer de gagner le championnat, mais je suis quand même satisfait.
Resterez-vous avec Gazza Racing l’année prochaine ?
Je l’espère, mon souhait serait de rester, mais nous n’en avons pas encore parlé.
Iacopo Arduini, pilote et comptable : parle-nous aussi de ton métier.
Après le lycée, j’ai obtenu mon diplôme de comptable. Mon père m’a tout de suite dit que si je voulais faire de la moto, il fallait que je travaille, sinon ils auraient payé mes études. J’ai choisi la moto, donc je me suis tout de suite habitué à gérer les deux choses : du lundi au vendredi je fais mes huit heures au bureau, en sortant à 17-17h30 j’arrive à avoir cette heure et demie, ces deux heures de préparation. Je fais de la gym, de la course à pied et de la marche, je vais aussi souvent à la piscine… Ce sont mes défouloirs physiques. Il faut évidemment être prêt à faire des sacrifices, mais si c’est votre passion, vous le faites.
Vous avez parlé de la salle de sport, mais à quel point pouvez-vous vous déplacer à vélo ?
Seulement le week-end, surtout le samedi. Je suis conscient que rouler une fois par semaine n’est pratiquement rien, mais quand j’arrive à ramener quelque chose à la maison, je suis très heureux parce que je sais ce que je peux me permettre en termes de temps. Cela donne encore plus de valeur à une troisième place, une deuxième place, une victoire. Tant que je peux le faire, c’est bien !
C’est un coup de pouce supplémentaire sur le plan mental, n’est-ce pas ?
Absolument ! Je pense aux week-ends de course : 90 % du temps, je peux prendre un jour de congé et être là dès le vendredi, mais parfois je ne peux pas me le permettre. On sent la différence en arrivant directement le samedi, mais il faut savoir se tromper soi-même : quand j’arrive, je ne pense pas à la journée moins bien que les autres, mais au fait que je suis plus frais que les autres. Il faut être positif, sinon on se tire une balle dans le pied.
Iacopo Arduini : L’Internazionali Supermoto est terminé, quels sont les projets maintenant ?
Tout d’abord, je me suis un peu détendu. Début octobre, il y aura le TTR, le Trofeo delle Regioni : Kevin Vandi et moi-même l’avons déjà remporté deux fois pour l’Emilia Romagna, tandis que l’année dernière, c’est l’Abruzzo qui l’a emporté. Cette année, nous allons réessayer ! En théorie, si tout va bien, je devrais également participer au championnat d’Europe à la mi-octobre, mais ce n’est pas encore confirmé. Je commencerai alors ma préparation hivernale avec un nutritionniste, un entraîneur personnel… Du repos, oui, mais aussi de l’entraînement : le niveau est toujours plus élevé, il faut rester dans le coup.
Photo : Gazza Racing